Quand austérité rime avec inégalités
Pourquoi un Hebdo « Spécial austérité » ? Bien entendu, il y a l’imminence de la grande manifestation nationale du 29 novembre prochain au Parc-des-Champs-de-Bataille à 13h ! De plus, nous ne pouvions évidemment passer sous silence les récentes annonces de compressions budgétaires dans le réseau collégial…
Or, depuis plusieurs semaines déjà, nous songions à produire ce numéro spécial à votre intention.
Qu’est-ce que l’austérité?
«Les mesures d’austérité sont des mesures visant à équilibrer les finances publiques d’un État ou à réduire l’endettement public. Ces mesures sont donc des restrictions budgétaires, des réductions massives de dépenses, des gels ou des coupes d’embauches ou de salaire et même, dans certains cas, des hausses des contributions fiscales». Pour en savoir davantage, consultez le site de la CSQ d’où est d’ailleurs tirée cette définition. On y retrouve différents outils d’information et de sensibilisation à la question de l’austérité : capsules vidéo, foire aux questions, liens utiles, etc. À partager sur Twitter et Facebook avec vos ami-e-s et les membres de votre famille ! http://austerite.lacsq.org.
Le journal Le Devoir vient tout juste de produire cette fin de semaine un cahier spécial portant sur le syndicalisme et l’austérité. Les positions des diverses centrales face aux mesures d’austérité y sont présentées, de même que leur impact dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des services sociaux. On fait également référence à une récente étude de l’IRIS qui conteste l’ampleur du déficit. Chiffres à l’appui, l’auteur de l’étude, Simon Tremblay-Pépin, explique comment le gouvernement Couillard gonfle les chiffres du déficit budgétaire pour mieux justifier son programme d’austérité budgétaire qui vise, fondamentalement, à réduire le rôle et la taille de l’État. Le but ultime, affirme le chercheur, est la privatisation de l’État. Le chercheur démystifie également l’idée, fort répandue, que le Québec est le lieu où les gens sont les plus taxés en Amérique du Nord.
Consultez le cahier spécial du Devoir en format pdf: http://www.ledevoir.com/documents/cahier_special/pdf/414469b0b21be8334683efd380b9f0c62c907470.pdf
L’austérité : une solution ou plutôt la cause des économies en récession?
Pour James Galbraith, économiste et professeur à l’École des affaires publiques de l’Université du Texas, les mesures d’austérité ne sont non seulement pas le meilleur moyen de lutter contre les déficits budgétaires mais, en plus, elles provoquent la récession. En cherchant à réduire seulement les dépenses, on détruit les institutions les plus fondamentales au fonctionnement d’une société, alors que ce sont les services publics qui attirent les investissements privés!
Écoutez l’entrevue (10 mn) au «15-18 à ICI Radio-Canada Première: dans l’audio-fil de l’émission « Le 15-18 » du 23 septembre, sélectionnez l’émission de 16 h 50 « Campagne contre les politiques d’austérité du PLQ, avec James Galbraith ».
Un pays peut-il connaître une très bonne croissance économique avec une main-d’œuvre très syndiquée, des frais de scolarité nuls, de généreux programmes sociaux, des taxes très élevées et des dépenses publiques importantes ?
Pour les auteurs du livre Social-démocratie 2.0, publié aux Presses de l’Université de Montréal, la réponse est oui!
Pour en savoir davantage, lisez le blogue Économie du 17 octobre 2014 de Gérald Fillion et écoutez son entrevue (7 mn) à RDI économie avec l’un des auteurs du livre.
L’Équateur a pour sa part refusé au cours des dernières années les mesures d’austérité proposées par le Fonds monétaire international et a plutôt opté pour des investissements dans les infrastructures, la santé et l’éducation. Résultat? Un taux de chômage en baisse et un pays qui s’en tire nettement mieux que plusieurs autres. Pourtant, les médias ont peu relayé ce cas de figure, préférant de loin les discours alarmistes. Lisez à ce sujet un compte rendu d’un documentaire portant sur l’orientation de certains médias européens face à la crise : http://www.ledevoir.com/societe/medias/421950/ce-qu-a-bu-l-ane-au-quai
Comprendre les inégalités sociales
La CSQ et le FEC se sont associés à la revue Vie économique afin de produire un numéro spécial sur la question des inégalités sociales. On y recense des articles qui expliquent pourquoi les inégalités sont en hausse, comment celles-ci minent la démocratie, sapent l’égalité des chances dans le secteur de l’éducation et entravent le bien-être et la santé de plusieurs. On y démontre également que les inégalités entre les sexes constituent toujours des enjeux actuels auxquels il faut pouvoir remédier. Enfin, diverses solutions sont proposées pour réduire les inégalités. La revue est disponible en ligne à l’adresse suivante : http://www.eve.coop/?r=22
Vous trouverez par ailleurs sur le site de l’Institut du Nouveau Monde (INM) une foule de renseignements sur les inégalités sociales : les concepts-clés qui y sont liés, les causes et les conséquences des inégalités, les leviers qui permettent de les réduire… ou de les augmenter, etc.
Vous pouvez vous informer sur le sujet en visionnant une vidéo d’introduction (http://www.inm.qc.ca/inegalites/presentation), en lisant une lettre ouverte signée par 25 économistes (http://www.inm.qc.ca/inegalites/lettre-ouverte), en y allant sous la forme de questions-réponses (http://www.inm.qc.ca/inegalites/documentation/questions-et-reponses), en parcourant et approfondissant des citations d’experts (http://www.inm.qc.ca/inegalites/documentation/8-citations) ou, encore, en vous plongeant dans des études et mémoires plus exhaustifs
(http://www.inm.qc.ca/inegalites/documentation/etudes-et-memoires). Vous pouvez aussi entrer dans ce site d’une façon un peu plus ludique : comparez, à l’aide du « Comparateur de revenu », votre richesse relative avec celle de 14 Québécois (www.inegalites.ca) – ça fait réfléchir !
L’austérité contre les femmes
Parce que les services publics et parapublics sont des secteurs où travaillent un très grand nombre de femmes (75%), ces dernières risquent de faire les frais des multiples compressions annoncées : coupures de postes, alourdissement de la tâche en raison de l’attrition (postes non comblés), précarisation accrue, etc. Ces emplois de qualité, syndiqués, ont pourtant historiquement permis aux femmes d’avoir accès à de meilleures conditions de travail en réduisant, notamment, les écarts de salaire entre les sexes.
Les femmes sont doublement affectées par les mesures d’austérité puisqu’elles sont aussi usagères des programmes sociaux. Rappelons qu’elles utilisent deux fois plus les services de santé que les hommes (en raison des soins liés à la maternité) et que ce sont elles qui, massivement, sont des proches aidantes. Comme le soulignait récemment la Fédération des femmes du Québec, «les programmes sociaux et les services publics compensent pour l’inégalité des charges sociales supportées par les femmes pour le bien-être de la famille et des communautés et réduisent les discriminations qu’elles subissent». En se désinvestissant des programmes d’aide et de soutien, le gouvernement handicape les femmes dans leur capacité à concilier famille, travail et études. Pensons simplement à la révision de la politique familiale que propose le gouvernement et à sa volonté d’abolir l’universalité du programme de garderie. Toutes les études démontrent pourtant que ce dernier programme a eu un effet direct sur le travail salarié des femmes qui a connu une nette hausse depuis sa mise en place. De plus, une étude récente a démontré que chaque dollar investi par l’État lui rapporte 1.50$. Pourquoi de telles coupures si ce n’est une volonté de réduire le rôle et la taille de l’État ?
Lire le communiqué de presse de la Fédération des femmes du Québec concernant les mesures d’austérité: http://www.ffq.qc.ca/2014/10/qui-au-gouvernement-defend-les-femmes/
Lire aussi leur communiqué de presse sur la tarification des services de garde : http://www.ffq.qc.ca/2014/11/fin-du-tarif-unique-des-services-de-garde/
On pourra aussi lire l’entrevue accordée au Devoir par Ève-Lyne Couturier, chercheuse à l’Institut de recherche et d’information socio-économique (IRIS), sur l’impact différencié selon le sexe des mesures d’austérité. http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/424361/les-femmes-davantage-touchees
Refusons l’austérité !
Appel à la mobilisation du 29 novembre - Rappel
Le 29 novembre prochain se tiendra à Québec et à Montréal, une importante manifestation afin de dénoncer les mesures d’austérité mises en place pour le gouvernement Couillard. Alors que divers organismes internationaux, tel le Fonds monétaire international (FMI) dénoncent les mesures d’austérité qui ont plongé plusieurs pays d’Europe dans une profonde récession, le gouvernement libéral multiplie les annonces de coupures et sabre allègrement dans les programmes sociaux et les services publics. Les dernières coupures visant le réseau collégial annoncées le 13 novembre dernier nous le rappellent durement!
Cette manifestation est une initiative conjointe des centrales syndicales, dont la CSQ, des associations étudiantes et des organismes communautaires qui lancent un appel à toute la population afin que toutes et tous descendent dans la rue pour exprimer leur refus de voir le gouvernement réduire ainsi la qualité des programmes sociaux et des services publics.
Refusons l’austérité ! Le 29 novembre, participons à la manifestation citoyenne qui se tiendra simultanément à Québec et à Montréal à 13 heures.
Nous vous invitons à participer massivement à cette manifestation. Le point de ralliement du Cégep de Sainte-Foy se fera à 13h00, face au Musée national des beaux-arts de Québec.
Lire le communiqué de presse : http://refusonslausterite.org/site/?p=14