Des nouvelles de la Fédération des femmes du Québec
Environ 250 femmes issues de divers milieux féministes communautaires et syndicaux étaient réunies à Montréal les 27, 28 et 29 mars derniers afin de participer au Congrès d’orientation de la Fédération des femmes du Québec (FFQ). Au menu, l’actualisation des priorités et des stratégies d’action de la Fédération pour la décennie à venir. Rien de moins!
Le dernier congrès d’orientation de la FFQ avait été tenu en 2003. Depuis, la scène sociopolitique s’est sensiblement modifiée et bien que les discriminations que vivent les femmes soient loin d’être éliminées, de nouvelles problématiques ont surgi à la faveur, notamment, de la mondialisation, de l’islamophobie ou, encore, des débats entourant la décriminalisation de la prostitution, les identités de genre, l’approche intersectionnelle, etc. Ces nouvelles problématiques, discutées lors des États généraux de novembre 2013, ont incité la FFQ à organiser ce congrès d’orientation afin que le mouvement féministe québécois qu’incarne la FFQ puisse tenir compte des changements sociaux et des nouvelles perspectives féministes.
Si la mission et les objectifs de la FFQ demeurent sensiblement les mêmes, soit de transformer les rapports sociaux de sexe et éliminer les rapports de domination dans toutes les sphères de la vie, la Fédération cherche à inscrire davantage encore son action dans une perspective internationale, soucieuse de la question environnementale et en tout respect des nations autochtones. De plus, l’approche intersectionnelle a été intégrée dans la déclaration de principes de la Fédération. Cette approche vise à mettre en relief la diversité des oppressions que vivent les femmes afin de mieux les déconstruire et les éliminer. Patriarcat, capitalisme se conjuguent également avec racisme, colonialisme, hétérosexisme, voire âgisme ou capacitisme[1] et la réflexion féministe doit en prendre acte, tant dans ses analyses que dans ses actions sur le terrain.
Ce congrès d’orientation a également permis de modifier les stratégies de la Fédération. Depuis 2003, celle-ci orientait son action en fonction de quatre grands axes de revendications qui interpelaient fortement l’État : élimination de la pauvreté, des discriminations et de la violence envers les femmes, lutte contre la mondialisation capitaliste et patriarcale. Les participantes ont plutôt décidé d’orienter désormais l’action de la FFQ en fonction de quatre champs d’action dans lesquels les axes de revendications antérieurs deviennent des thématiques transversales. Ces champs sont : Féminisme, intersectionnalité et solidarité; Féminisme, bien vivre, écologie et économie; Féminisme, démocratie, citoyenneté et prise de parole; Féminisme, corps, image, genre et violence.
Les congressistes ont cependant manqué de temps pour voter les orientations spécifiques à chacun de ces champs d’action. Le travail de réflexion se poursuivra donc lors de l’assemblée générale des membres en septembre prochain. C’est également lors de ces assises que seront votées les priorités annuelles pour chacun de ces champs d’action. Des résolutions portant sur la vie associative de la Fédération y seront également débattues.
Ce congrès d’orientation de la FFQ a été des plus nourrissants en raison des débats qu’il a suscités parmi des militantes provenant d’horizons divers qui n’ont pas souvent l’occasion de se retrouver pour discuter du présent … et de l’avenir du mouvement féministe québécois.
[1] Le capacitisme consiste à considérer que la personne sans handicap constitue la norme sociale, discriminant ainsi les personnes vivant avec un handicap.