La réalité des femmes trans au Québec
Les 16 et 17 mars dernier se tenait à Victoriaville le troisième réseau des femmes de la période 2022-2023, sous le thème de la justice reproductive. Le texte qui suit présente le résumé d’une des conférences offertes aux femmes présentes. Nous remercions Amélie-Elsa Ferland-Raymond pour le présent résumé.
À l’occasion du plus récent Réseau des femmes de la CSQ, Freya Dogger, professeure de philosophie au Cégep de Victoriaville et femme trans, est venue présenter à l’assemblée un portrait de la situation de ces femmes au Québec en 2023.
D’après elle, et bien que tout ne soit pas parfait, le Québec constitue l’un des meilleurs endroits au monde où vivre lorsqu’on est une femme trans. Ce n’est pas le cas au sud de la frontière canadienne, où certains États américains semblent avoir déclenché une véritable « guerre culturelle » aux personnes trans.
Il reste que dans notre province, les personnes trans demeurent tout de même surreprésentées parmi les populations en situation de pauvreté, les victimes de violence civile, domestique et conjugale, chez les travailleuses du sexe, parmi les personnes ayant des enjeux de santé mentale et celles à risque de suicide.
Lors de cette conférence, il a aussi été question des bases de la transition médicale, donc du changement de sexe. Les personnes souhaitant avoir recours à l’hormonothérapie doivent ainsi avoir obtenu un diagnostic de « dysphorie de genre » et celles souhaitant une chirurgie peuvent y arriver après un an d’hormonothérapie, de nombreuses consultations avec des psychologues, deux lettres de recommandation de psychologues ou de travailleurs sociaux, de même qu’un bilan de santé. Un processus long et dispendieux, au cours duquel le système médical joue le rôle de « chien de garde » qui contrôle le genre, le rôle sexuel et les rapports à ceux-ci et qui, selon la conférencière, reproduit les idées sexistes de genre, même quand la ou le médecin se veut bienveillant.
Madame Dogger a terminé sa conférence en soulignant que les femmes trans se battent pour les mêmes enjeux que les féministes, soit la fin du plafond de verre, de l’hypersexualisation, du sexisme, de la culture du viol, du travail invisible et/ou émotionnel, de l’écart salarial, et pour l’accès aux soins et l’accès à la parole. Dans tous les cas, l’objectif est que le genre ne soit pas oppressant et que notre naissance ne détermine pas notre vie.