50e anniversaire du CAF
Les 21 et 22 mars fut célébré, au Château Frontenac, le 50e anniversaire du Comité d’action féministe. Pour l’occasion, plusieurs conférences ont mis en lumière à la fois les progrès accomplis et l’importance de la lutte sociale à poursuivre.
La dévalorisation du « care »
Naïma Hamrouni (UQTR) a présenté en quoi les tâches assurées de manière prédominante par les femmes sont dévalorisées dans notre société. Les femmes assument :
- 2/3 du travail domestique;
- ¾ du travail de soins (enfants, personnes âgées…);
- la majorité de la charge mentale ménagère.
Même lorsque les femmes travaillent à temps plein, même lorsqu’elles sont mieux rémunérées que leur mari, elles continuent d’assumer l’essentiel de ces tâches. Les jeunes couples perpétuent cette inégalité.
Le maintien des privilèges des plus puissants et des mieux nantis se fait au prix de ce travail invisible, dont dépend notre société. C’est justement parce que ce travail invisible est essentiel qu’il nous faut le revaloriser.
L’intersectionnalité pour réfléchir et agir sur les inégalités
Isabelle Auclair et Jade St-Georges (Université Laval) ont présenté les iniquités qui subsistent dans notre société « égalitaire ».
Aujourd’hui encore demeurent pour les femmes des inégalités dans l’accès à l’emploi et dans les conditions de travail. Trop de femmes se heurtent à un plafond de verre, à des inégalités salariales, notamment en raison de leur sous-représentation dans les lieux de pouvoir, à leur surreprésentation dans les métiers du « care », aux obligations sociales (tâches domestiques, soin des enfants, des parents âgés) dont elles portent davantage la responsabilité que les hommes. En moyenne…
- une femme obtient 89 cents pour chaque dollar gagné par un homme, lorsque tous deux travaillent à temps plein;
- une femme racisée gagne 59,3 % du salaire d’un homme blanc.
Si la tendance actuelle se maintient, l’écart économique entre les sexes sera comblé, dans le monde, dans 267,6 ans.
Le mythe du mérite
Naïma Hamrouni (UQTR) explique pourquoi les postes de pouvoir ne sont pas nécessairement attribués « au mérite ». En Occident, les femmes sont les principales pourvoyeuses de soins, tandis que les sphères de pouvoir sont dominées par les hommes.
Au Québec, en 2015, les femmes représentaient moins de 30 % des députés de l’Assemblée nationale. Ce chiffre monte à 42 % en 2018 puis à 46 % en 2022. Toutefois, les ministères avec les plus gros portefeuilles sont encore attribués à des hommes.
D’aucuns justifient cette situation par les mythes suivant :
- Le libre choix des femmes (qui ne veulent pas de ces fonctions);
- La méritocratie (les plus compétents ont les postes de pouvoir);
- L’essentialisme;
- La discrimination inversée (l’action positive est discriminatoire envers les hommes blancs).
On sait au contraire que de nombreux facteurs sociaux contribuent à diriger les femmes vers des rôles de service. Les injustices structurelles peuvent être contrebalancées notamment par une action positive (femmes choisies à compétence égale) pour favoriser l’établissement d’un équilibre.
Bilan : participation des femmes aux instances
À la CSQ, le Programme d’accès à l’égalité syndicale a permis une meilleure représentation des travailleuses.
Le pourcentage des femmes représentées aux instances est passé de 66 % à 78 % entre 1994 et 2021. Pourtant, leur participation aux instances se chiffre à 59 %.
Au cégep de Sainte-Foy, les femmes représentent environ 60 % des professeur.es, et représentent également 60 % des membres élu.es du SPPCSF!