Le Syndicat des professeures et professeurs du cégep de Sainte-Foy, de 1967 à 1997
Le cégep de Sainte-Foy a 50 ans ! Mais qu’en est-il de votre syndicat ? Doit-on fêter également son cinquantenaire ?
Partis en quête d’informations historiques croustillantes à vous mettre sous la dent concernant la petite histoire du Syndicat des professeures et professeurs du cégep de Sainte-Foy, nous avons retracé une recherche publiée en 1999 à l’Université Laval, par Étienne Berthold et Sandra Ouellet. Intitulé Pour une adaptation créatrice. Histoire du Cégep de Sainte-Foy des origines à 1999, le document s’est révélé fort intéressant et les informations dont vous prendrez connaissance dans le présent article, qui vous sera présenté en trois parties au courant des prochaines semaines, proviennent de cette recherche[1].
Étant donnée la période traitée par les auteurs, les données historiques contenues dans cet article se limitent aux trente premières années d’existence des Cégeps. Malgré tout, vous constaterez que plusieurs thèmes ont traversé les époques et sont toujours d’actualité aujourd’hui, 50 ans plus tard…
Première partie : La naissance du Syndicat des professeures et professeurs du Cégep de Sainte-Foy
La naissance de votre syndicat coïncide avec les débuts de « l’Expérience Cégep ». À cette époque, l’Académie de Québec, dont « jaillira » le Cégep de Sainte-Foy, compte déjà son association de professeurs. Celle-ci jettera les bases du Syndicat des professeurs du Cégep de Sainte-Foy (SPCSF), dont la toute première convention collective est entérinée par le Conseil d’administration le 28 août 1968, une première dans le tout nouveau monde collégial.
Berthold et Ouellet rapportent qu’à l’époque, la direction du Collège (dont le directeur général est le frère Hormisdas Gélinas) souhaite favoriser les contacts avec l’exécutif syndical. En cette fin de la décennie 1960, le discours syndical se veut marxiste et l’on perçoit le militantisme syndical comme partie prenante des grands changements sociaux en cours. L’exécutif syndical se concentre sur la reconnaissance du statut professionnel de ses travailleurs.
Lourdeur de la tâche et enseignement en anglais
Les années 1970 sont le théâtre de plusieurs bouleversements sociaux. Le Cégep de Sainte-Foy prend de l’expansion et de nouvelles questions se posent. Ainsi, au cours de l’année 1972-1973, on songe à offrir des cours d’été, ce à quoi s’opposent bon nombre de professeurs, soucieux de la lourdeur de leur charge professionnelle. En 1973, ceux-ci boycottent carrément les cours prévus à l’horaire d’été.
La question de l’anglais comme langue d’enseignement est également à l’ordre du jour. Berthold et Ouellet mentionnent qu’au début des années 1970, le Cégep de Sainte-Foy songe à s’associer avec le Collège anglophone St-Lawrence. D’après les auteurs, « à plusieurs reprises, [le Conseil d’administration] réaffirme son impuissance à trancher rapidement une telle question » (p.51). Il semble que, lors d’un sondage interne effectué en 1976, les enseignantes et enseignants aient argué que le matériel pédagogique qu’ils utilisent alors n’est pas disponible en anglais.
Le Cégep de Sainte-Foy et la Crise d’Octobre
En octobre 1970, ça brasse au Québec. Le cégep de Sainte-Foy n’y fait pas exception et on constate des tensions entre les syndicats et la direction. À ce propos, Berthold et Ouellet nous apprennent que « […] à la suite de l’épisode d’octobre 1970 et de la situation engendrée par la Loi sur les mesures de guerre, l’atmosphère fébrile régnant au cégep de Sainte-Foy incite quelques individus en colère à s’attaquer au local de la direction générale en y installant une bombe. […] Les regards se tournent momentanément vers l’action syndicale, que certains accusent ouvertement de fomenter un complot. Faisant honneur à sa forte personnalité, le Frère Hormisdas Gélinas tente de stabiliser la situation » (p.53).
Ouvrons ici une petite parenthèse. Le 19 octobre 2017, lors du 6 à 8 festif organisé à l’occasion du cinquantième anniversaire du cégep de Sainte-Foy, une membre de votre exécutif syndical a eu le bonheur de rencontrer monsieur Rolland Legendre, ancien professeur d’histoire au cégep de Sainte-Foy entre 1963 (donc au temps de l’Académie de Québec) et 1995 et ex-membre de l’exécutif syndical, dont il a notamment été le président en 1975[2]. Monsieur Legendre, donc, nous aura confirmé la véracité des faits entourant l’explosion. D’après lui, la bombe (tout de même assez petite) aurait été placée sous la table, soufflant cette dernière et faisant éclater les tuiles au plafond. Selon les dires de notre interlocuteur, personne n’aurait été condamné pour ce geste, le directeur général de l’époque préférant traiter laisser la tension s’estomper plutôt que de tenir une chasse aux sorcières. Fin de la parenthèse !
C’est tout pour l’instant ! Revenez-nous la semaine prochaine pour la suite !
[1] BERTHOLD Étienne et Sandra OUELLET, Pour une adaptation créatrice. Histoire du Cégep de Sainte-Foy, des origines à 1999, Département d’histoire de l’Université Laval, Québec, 1999, 155 pages.
[2] Notons par ailleurs qu’un corridor porte son nom dans l’aile J.