Le coin des Verts : les coûts sociaux du transport automobile

ImpressionVoici, en prévision du jour de la Terre, le troisième texte que vous présente le comité des Verts du SPPCSF.

Les coûts sociaux du transport automobile

Un texte de Sophie Descôteaux

Une question importante anime notre ville (et plusieurs autres!) depuis un bon moment et encore aujourd’hui : faut-il retravailler constamment le réseau routier pour répondre aux besoins grandissants des automobilistes ou faut-il investir dans les transports collectifs et dans l’aménagement urbain pour inciter le plus de gens possible à de déplacer à pied, à vélo ou en transport en commun ? Les avis sont bien sûr très partagés et suscitent même souvent de vives discussions.

Et si la question était posée autrement ? Si l’on se demandait quelle option (plus de routes ou plus de transports collectifs et actifs) représente le plus faible coût pour la collectivité ?

Un ingénieur des transports de la région de Vancouver, George Poulos, a analysé les données issues d’un calculateur de coûts associés au navettage des travailleurs de la zone métropolitaine[1],[2] vancouvéroise.  M. Poulos en arrive à la conclusion que le coût associé à l’utilisation de la voiture comme méthode pour aller travailler est nettement plus élevé que les autres modes de transport.

Voici une présentation simplifiée des résultats de M. Poulos, tirée du Journal de Québec[3] :

  • Si marcher vous coûte 1 $, la société paie 0,01 $
  • Si vous déplacer à vélo coûte 1 $, la société paie 0,08 $
  • Si prendre le bus vous coûte 1 $, la société paie 1,50 $
  • Si utiliser la voiture vous coûte 1 $, la société paie 9,20 $

Pour chaque énoncé ci-haut, le coût « personnel », à gauche, est associé, par exemple, à l’achat d’équipement (chaussures, vélo, voiture) et à son entretien (réparation, essence, pneus, etc.), ou tout simplement au coût des droits de passage pour le transport en commun.

Les coûts estimés pour la société (les montants à droite) incluent quant à eux les impacts de la congestion, les conséquences de la pollution (qualité de l’air, conséquences des sels de déglaçage, etc.) et les frais de maintien des infrastructures routières[4].

Ainsi, selon les estimations précédentes (que l’auteur reconnaît comme n’étant pas parfaites), l’utilisation de la voiture serait environ 6 fois plus coûteuse pour la société que l’utilisation de l’autobus et respectivement plus de 100 et 900 fois plus coûteuse que le vélo ou la marche.

L’économiste et spécialiste en aménagement du territoire et développement régional, Jean Dubé, chercheur à l’Université Laval, regrettait récemment3, dans le contexte des discussions sur le 3e lien entre les deux rives à Québec, que les coûts associés à l’utilisation de la voiture, pour la société, soient « complètement évacués » du débat. En outre, il déplorait alors que les détracteurs des transports en commun refusent de payer pour ces services qu’eux-mêmes n’utilisent pas.

En guise de conclusion, voici un lien vers une infographie qui donne une bonne idée de coût personnel que représente le navettage par voiture : http://www.investmentzen.com/news/the-true-cost-of-car-commuting-to-work-hint-its-a-lot-more-than-you-think/

La situation décrite dans cette infographie est bien sûr adaptée aux États-Unis, et contient probablement elle aussi quelques chiffres qui mériteraient d’être vérifiés, mais elle nous fait tout de même réfléchir.

[1] https://www.thediscourse.ca/cities/full-cost-commute

[2] https://www.citylab.com/transportation/2015/04/the-social-costs-of-driving-in-vancouver-in-1-chart/389805/

[3] http://www.journaldequebec.com/2017/05/01/privilegier-lautomobile-coute-tres-cher-a-la-societe

[4] https://pricetags.ca/2014/09/03/george-poulos-comprehensive-costs-of-transportation-in-vancouver-1/