Assurance médicaments – La CSQ milite en faveur d’un régime public et universel[1]
Saviez-vous que le Canada est le seul pays membre de l’OCDE ayant un système public de santé qui ne couvre pas les médicaments d’ordonnance? Il s’agit là d’un thème qui a été discuté lors du dernier Conseil général de la CSQ qui s’est tenu les 12, 13 et 14 décembre à Saint-Hyacinthe.
Au Québec, on observe une formule « hybride » : les personnes qui sont admissibles à un régime privé d’assurance médicaments sont dans l’obligation d’y souscrire, pour elles-mêmes, leur conjoint et leurs enfants. Les autres personnes doivent contribuer au régime public puisque la Loi sur l’assurance médicaments stipule que toute personne établie au Québec de façon permanente doit être couverte.
Alors que des études gouvernementales (Rapport Demers, Rapport Gagnon) sont favorables à la mise en place d’un régime public universel sous certaines conditions, cette proposition rencontre une vive opposition chez les compagnies d’assurance et les pharmacies de détail.
Il faut savoir que ces industries profitent largement de l’actuelle formule de l’assurance médicaments. Par exemple, on remarque que dans le régime privé, les pharmaciennes et pharmaciens déterminent eux-mêmes les montants facturés en honoraires, que les frais administratifs moyens sont près de dix fois plus élevés que si le régime était public, qu’une absence d’analyses pharmaco-économiques ne permet pas de discriminer les médicaments efficaces de ceux qui le sont moins, que le modèle de rémunération des gestionnaires de régimes d’assurance est basé sur un pourcentage des dépenses et, enfin, que les médicaments génériques sont moins utilisés.
Il en résulte que les coûts pour les médicaments au Canada et au Québec sont parmi les plus élevés au monde. Par exemple, 500 comprimés de 20mg de Lipitor (un médicament générique populaire qui permet de soigner les personnes qui ont un taux de cholestérol élevé) coûtaient 204$ au Québec en 2013, contre 104 $ en Allemagne, 56 $ en Suède, 47 $ au Royaume-Uni et 28 $ en Nouvelle-Zélande.
Ajoutons à cela que les problèmes d’équité du régime hybride québécois sont multiples, alors qu’on constate que les individus assurés par le privé payent en moyenne leurs médicaments 18,6 % plus cher que ceux couverts par le régime public. Pour les médicaments génériques, ils paieraient 35,6 % plus cher.
Devant ces disparités, le Gouvernement du Québec a mené des négociations avec l’industrie pharmaceutique afin d’obtenir des « prix de gros » pour des médicaments génériques, qui ont mené à une entente effective le 1er avril 2018, dont les conditions sont gardées secrètes. Pourtant, malgré une réduction de 37,5 % des prix de près de 70 médicaments génériques les plus fréquemment prescrits au Canada, les profits des compagnies pharmaceutiques demeurent considérables. Ainsi, la Quiétapine (un antipsychotique) est payée 8,00 $ au fabricant et désormais revendue 41,25 $, pour un profit de 416 %. En ce qui concerne l’Amlodipine (qui soigne la pression artérielle élevée et l’angine), le médicament est payé 9,00 $ au fabricant, et revendu 111,88 $, pour un profit de 1143 %
Devant cet état de fait, il a été convenu :
- Que la CSQ poursuive ses travaux en faveur de la mise en place d’un régime public universel qui respectera les grands principes d’accessibilité, d’équité, d’efficience, de contrôle et de partage des coûts, de gestion publique et d’indépendance;
- Que la CSQ participe activement aux travaux conjoints d’analyse des enjeux socioéconomiques avec les centrales syndicales et les partenaires québécois;
- Que la CSQ fasse les représentations politiques nécessaires en faveur de la mise en place d’un régime d’assurance médicaments public et universel;
- Que la CSQ poursuive sa participation aux initiatives de sensibilisation et de mobilisation citoyennes pour la mise en place d’un régime d’assurance médicaments public et universel.
Nous vous tiendrons au courant de la suite des développements dans ce dossier.
[1] Les informations présentes dans ce texte sont tirées du document « Assurance médicaments : vers un régime public et universel », proposé au Conseil général de la CSQ le 12 décembre 2018, à Saint-Hyacinthe.