L’autonomie professionnelle, la Cour et le client 

Une décision importante vient d’être rendue par la Cour supérieure le 28 février, et le cas devrait faire école, sans mauvais jeu de mots : la demande d’une famille d’une adolescente, qui réclamait 40000 $ et l’annulation d’une note de zéro à la suite d’une suspicion de plagiat, a été refusée. La note valait pour 1,5 % de l’année scolaire.  

Cette histoire nous en dit beaucoup sur le refus de plus en plus de parents (et d’étudiants) de reconnaître l’autonomie professionnelle des profs. Le fait d’être expert dans sa discipline et d’assurer l’équité des évaluations ne semble plus reconnu. L’enseignement, il semble parfois qu’il ne s’agisse plus d’une formation, mais d’un service offert à un client qui doit se montrer satisfait. S’il incombe en réalité à l’enseignant.e de refuser la complaisance, il lui revient aussi de gérer les réactions de mécontentement que ce refus engendre. Le stress indu et la surcharge de travail ainsi engendrés, c’est sur ses épaules qu’ils pèsent.  

Pour éviter un climat de reddition de compte constant et épuisant, la solution est simple : la reconnaissance de l’autonomie des profs, à commencer par l’appui des directions des établissements. Heureusement, ce fut le cas dans l’histoire qui nous occupe et qui a fait jurisprudence. Cet exemple illustre clairement que les directions n’ont pas à craindre des menaces de poursuite lorsqu’elles font ce qui est juste pour assurer l’intégrité des apprentissages et des évaluations.  

Dans le domaine de l’autonomie professionnelle comme dans celui de la liberté académique, ce que nous devons faire reconnaître, c’est l’expertise. Nous devons être libres d’enseigner sans craindre la réaction de nos classes ou de leurs parents hélicoptères. Et nos directions doivent renforcer l’autorité mise à mal du corps professoral en lui manifestant fermement leur appui.  

Devant la démultiplication des vérités parallèles, les remises en question inquiétantes du savoir et des expert.es qui le véhiculent, le dénigrement des scientifiques et des journalistes, l’augmentation du clientélisme, les études supérieures demeurent une source de résistance. Au cœur de notre formation se trouvent l’esprit critique, le savoir, l’intégrité et l’humanisme. Dans cette collégialité que nous réclamions la semaine passée pour notre communauté se trouve nécessairement la notion de confiance dans l’expertise et le savoir du corps professoral.  

Pour chacun de nos collègues, c’est le respect de cette autonomie que nous désirons. Si vous jugez votre autonomie professionnelle malmenée, n’hésitez pas à rendre visite à votre syndicat! 

Geneviève Boudreau, pour le bureau syndical