Une culture institutionnelle en voie de renouvellement?

Culture renouveléeEn mai dernier, lorsque nous avons présenté notre Plaidoyer pour la liberté d’enseignement des professeur.e.s à notre communauté collégiale, l’une des réponses de la Direction a été à l’effet qu’elle travaillait déjà fort à améliorer les relations de travail au Cégep de Sainte-Foy.  De son point de vue, il ne semblait donc pas y avoir matière à un appel à une culture renouvelée (telle qu’évoquée dans le Plaidoyer), dans la mesure où la culture institutionnelle serait déjà en processus de renouvellement. Dans les faits qu’en est-il, alors que s’achèvera bientôt l’automne 2019? Le présent texte se veut une brève réflexion à ce sujet.

Un an après l’arrivée de Jasmine Gauthier à la Direction générale et de Monique Provencher à la Direction des études par intérim, de même que de l’entrée en poste de Sébastien Paradis à titre de coordonnateur aux conditions de travail des enseignant.e.s, on peut effectivement se questionner à savoir si on assiste, concrètement, à un changement de culture au Cégep de Sainte-Foy.

Dans un premier temps, force est de constater que Madame Gauthier semble davantage intéressée par les professeur.e.s que sa prédécesseure. On note ainsi une augmentation des communications de la « capitaine du bateau » à l’intention des membres de notre corps d’emploi (le fait de souligner la journée mondiale des enseignant.e.s deux années de suite est une première!), de même qu’une volonté de dynamiser les relations, comme en témoignent la nouvelle formule du « mot de la rentrée » ou l’ouverture de plusieurs plages horaires permettant aux membres de la communauté collégiale de venir s’exprimer sur ce qu’ils et elles aimeraient voir apparaître au plan stratégique.

Du côté de la Direction des études et de la Direction des ressources humaines, on évoque le fait qu’on souhaite consulter davantage les professeur.e.s. Ainsi, dans les derniers jours, la Direction des études sollicitait les professeur.e.s pour participer à des groupes de réflexion sur des enjeux importants, tels que la présence obligatoire aux cours et la classe de l’avenir. Par ailleurs, à la dernière réunion des coordonnateurs.trices, l’un des points à l’ordre du jour visait justement à les questionner sur un nouveau moyen de transmission de l’information. Or, alors que certain.e.s ont été heureux.euses qu’on leur demande leur point de vue, d’autres ont critiqué l’aspect superficiel du thème abordé…

Quant à Monsieur Paradis, notons que son travail dans un esprit de collaboration semble apprécié par la communauté enseignante.

Cet automne marque en outre l’arrivée progressive d’une nouvelle directrice des études. La première rencontre de votre exécutif syndical avec Sophie-Emmanuelle Genest (le 17 octobre dernier) donne espoir que les choses s’orientent dans une direction qui profitera, notamment, aux profs et, de ce fait, à l’ensemble du Collège. Nous choisissons de croire que la célérité à nous recevoir, l’ouverture et le dynamisme manifesté par Madame Genest servira les membres du SPPCSF et leurs préoccupations syndicales. Notons que les membres du Bureau syndical ont, tous les cinq et officiellement, été invité.e.s à la prochaine réunion des coordonnateurs qui marquera le retour de Madame Genest. Du jamais vu au SPPCSF.

On se demande donc à quoi ressembleront les jours qui nous attendent au 2410 Chemin Sainte-Foy. A-t-on déjà atteint notre vitesse de croisière ou peut-on espérer davantage d’écoute et de reconnaissance dans le futur? Quelles formes prendront les consultations des professeurs? Porteront-elles sur des enjeux de fond ou les enseignant.e.s resteront-ils/elles écarté.e.s de tout ce qui est considéré par les différentes directions comme relevant du « droit de gérance », comme c’est déjà le cas en ce qui concerne les cours complémentaires et la formation des comités de programme? La Direction entend-elle respecter la Convention collective qui affirme que « le Syndicat est seul habilité à désigner des enseignantes ou enseignants comme membre des comités formés par le Collège [et que] Le Collège doit consulter le Syndicat avant de désigner une enseignante ou un enseignant à titre de consultante ou de consultant sur un comité qu’il forme » (article 2-2.10) ou cherchera-t-elle à contourner la Convention en disant mettre en place des « groupes de travail » ou des « groupes de réflexion »? Nous verrons. Nous demeurerons attentifs.tives et alertes. Il ne s’agit pas de nous endormir, surtout avec cette année de négociations, déjà en marche. Nous continuerons de défendre nos professeur.e.s, malheureusement nombreux.euses à craindre de voir leurs espoirs déçus.

Dès lors, nous sommes impatient.e.s de connaître le fin mot de l’histoire. Écoutera-t-on les professeur.e.s pour ensuite agir à partir de leurs réflexions ou se contentera-t-on seulement de les entendre, comme on entend la rivière qui coule et qui continue son chemin? Si c’était le cas, ce serait bien triste parce que le Cégep de Sainte-Foy est tellement riche de ses profs. Il y a si peu de milieux qui puissent se targuer de compter parmi leurs membres autant de spécialistes, de bacheliers, de détenteurs de maîtrises et de doctorats, de chercheurs, d’intellectuels, de penseurs, de visionnaires. Il est urgent que le Collège profite davantage de cette richesse!

Vos collègues sociologues vous diront qu’une culture ne se transforme pas du jour au lendemain. Elle ne change pas en quelques mois, ni même en une année, encore moins au sein d’une institution aussi complexe que le Cégep de Sainte-Foy. Mais elle peut changer. C’est possible.

Une culture change avec le temps, avec de la volonté, quand le contexte le permet et, souvent, dans l’inconfort, l’insécurité et, parfois, la souffrance. Il y a des gens blessés quand une culture change. Ce n’est jamais facile. Il faut avoir confiance qu’on ira vers plus de lumière, vers quelque chose de mieux, qui vaut la peine. Et si on essayait?