La réforme du financement des cégeps : réalités locales

Clavier financement doigtOn sait qu’une réforme du financement des cégeps a été mise de l’avant cette année par le gouvernement de la CAQ. Avant l’élection de la CAQ à l’automne 2018, la Fédération des cégeps s’était plainte des réductions de financement mises en place par le régime d’austérité du gouvernement Couillard. En effet, la Fédération des cégeps chiffrait les coupes à environ 150 millions de dollars depuis l’année 2011. Mais le gouvernement Legault a choisi de prendre un virage tout autre en réinvestissant en éducation, tel que promis, profitant d’importantes économies que les coffres de l’État avaient récupérées ces dernières années en raison des coupures tout à fait démesurées qui avaient été imposées par les Libéraux de Philippe Couillard.

Le ministre Jean-François Roberge a donc annoncé que l’ensemble du réseau collégial aura maintenant droit à un budget additionnel de 68 millions de dollars. Ces montants accompagneront ce que le ministre Roberge a récemment décrit comme étant une « modernisation », une « mise à jour nécessaire » du modèle d’allocation des ressources offertes aux cégeps. Désormais, le calcul d’attribution des budgets dépendra moins du nombre d’élèves qui seront inscrits, car depuis une trentaine d’années, les cégeps sont financés en fonction du nombre d’élèves qu’ils accueillent. Or on a vu une importante baisse démographique dans l’ensemble du réseau, et particulièrement dans certaines régions. Une réduction du nombre d’élèves ne sera donc plus forcément synonyme de perte d’argent. Le financement selon le nombre d’élèves prévaut toujours, mais il est désormais modifié afin que différents paliers soient pris en compte. C’est ce que l’on appelle le nouveau modèle FABRES : ce modèle établit des financements selon les effectifs mis en place en nombre d’ETC (étudiant.e.s à temps complet). Le gouvernement subventionne ainsi l’ensemble du réseau collégial à la hauteur d’un montant supplémentaire de 151 millions $ pour l’année 2019-2020. Sur ce montant, 80 millions $ sont investis dans la masse salariale, et 68 millions $ sont investis dans le FABRES. C’est ce dernier montant de 68 millions $ qui est toujours mentionné lorsque l’on parle d’investissements neufs injectés dans les cégeps.

Observations sur nos réalités locales : la situation à Sainte-Foy…

Malheureusement, au Cégep de Ste-Foy, nous ne pouvons pas beaucoup bénéficier de ces nouvelles mesures qui se caractérisent par un soutien accru des cégeps en régions, rassemblant souvent des cohortes d’élèves de nombre très peu élevé, si l’on compare avec le nombre d’élèves qui déborde dans plusieurs de nos classes. Il faut comprendre que dans un collège comme le nôtre, dont le nombre d’inscriptions a pu tourner par moments autour de 7,000 élèves au cours de la dernière décennie, la baisse démographique ne s’est pas nécessairement traduite par une diminution du nombre d’élèves dans nos classes, mais surtout par une baisse du nombre de groupes qui ont été ouverts par notre Service du cheminement scolaire, et ce, tout particulièrement dans les cours de la formation générale. Notons que le nombre d’inscriptions a chuté chez nous à un peu plus de 6,000 ces dernières années, et ce sont surtout nos profs à statut précaire qui ont été affectés par cette diminution des inscriptions. Enfin, en ce qui a trait aux montants qui nous ont été accordés cette année par le gouvernement, seulement 3,9 millions $ ont été ajoutés à la somme d’environ 70 millions $ que nous recevons, bon an mal an. Sur ces 3,9 millions $ d’argent neuf, 1,4 millions $ sont rattachés au rehaussement du budget de la « norme » (incluant une diminution de 0,4 million $ lié au facteur de la baisse du nombre d’inscriptions), alors que 2.1 millions $ sont rattachés au rehaussement du budget de la masse salariale des profs (incluant les augmentations de salaire que nous avons pu obtenir en avril dernier grâce aux gains syndicaux du Rangement 23).

En somme, les montants accordés par le gouvernement de la CAQ adouciront quelque peu les pénibles resserrements de budgets que nous avons connus localement ces dernières années à Sainte-Foy, mais ne correspondent en rien à la manne qui a récemment été décrite par différents médias d’information. Ce qui justifie plus que jamais la nécessité de faire preuve d’une grande vigilance, sur le strict plan local, en ce qui touche aux nouvelles réalités budgétaires qui touchent le niveau collégial.