8 mars – Journée internationale des droits des femmes

Thème 2023 : Résistances féministes

Texte #1

Note : Le présent texte est le premier de deux.

Dans le cadre du 8 mars, le Comité de la condition des femmes du Syndicat des professeures et professeurs du Cégep de Sainte-Foy a décidé de sensibiliser les travailleuses à leur propension à s’excuser systématiquement et aux conséquences de cette habitude.

Le 8 mars sera donc la Journée « J’arrête de m’excuser ».

Si on me donnait 1$ toutes les fois où je m’excuse…

Mesdames, vous êtes-vous excusées aujourd’hui? Si oui, pour quelle raison? Il y a fort à parier que vos excuses ont été davantage le fruit de réflexes acquis plutôt qu’une démarche pour vous faire pardonner de véritables fautes ou incivilités.

Alors que le 8 mars, Journée internationale du droit des femmes, arrive à grands pas, nous vous proposons de réfléchir à toutes ces fois où les femmes ressentent le besoin de s’excuser et nous vous invitons à prendre conscience de ces moments où vous-mêmes vous excusez sans raison valable.

Les femmes s’excusent davantage que les hommes

Selon une étude parue dans la revue Psychological Science en 2010, les femmes s’excuseraient plus souvent que leurs homologues masculins.

Passons sur les causes sociales de cette propension à faire amende honorable en permanence et soulignons que ces excuses dénotent souvent une insécurité, qu’il s’agisse d’une inquiétude quant à l’image projetée, d’un besoin de se prouver à soi et aux autres, ou d’un doute concernant ses propres aptitudes et capacités (Ziani et al., 2020). Et cette pratique n’est pas sans conséquences sur les femmes.

Pourquoi serait-il problématique de s’excuser?

Évidemment, les excuses sont nécessaires en société. Elles permettent par exemple de reconnaître et d’assumer ses erreurs et ainsi de préserver nos liens avec nos congénères. Les femmes devraient-elles réellement arrêter de s’excuser et ainsi se mettre au même « niveau » que les hommes, quitte à rendre la société moins plaisante et polie, respectueuse de l’autre?

Le problème, c’est que les excuses dont on parle ici ne sont pas des excuses. Il s’agit davantage d’un réflexe social des femmes, qui affecte leur confiance en elle et les pousse inconsciemment à se limiter dans l’expression d’elles-mêmes et dans leurs opportunités.

Quand l’excuse est une dépréciation

En fait, le problème apparaît lorsque l’excuse déprécie, diminue ou décrédibilise votre intervention ou votre personne. Pourquoi devriez-vous vous excuser de prendre la parole? Une étude parue dans le European Journal of Social Psychologie en 2012 démontre que de s’excuser abondamment peut mener à une diminution de l’estime de soi et du sentiment de contrôle. (Okimoto et al, 2012)

Les mots ont un effet sur nous. Les recherches montrent que si on se répète constamment qu’on est capable de quelque chose, on a davantage de chances d’atteindre notre but. Dans le même sens, il est reconnu que de répéter toujours à une personne qu’elle est dans l’erreur plutôt que d’adopter une approche constructive est davantage susceptible de lui nuire plutôt que de l’aider. Sachant cela, pourquoi continuer de nous placer nous-mêmes dans une constante position d’erreur où l’on projette l’image de devoir être pardonnée pour une raison ou une autre?

Nous vous invitons à prendre conscience des excuses que vous avez formulées aujourd’hui. Dans quelle proportion celles-ci étaient-elles liées à une erreur de votre part? Dans quelle proportion étiez-vous réellement dans le tort?

Vous avez le droit, toute la légitimité et toute la compétence pour vous exprimer.

Posez-vous la question : est-ce que je laisserais mes enfants ou mes étudiant·e·s diminuer leur prise de parole et leurs actions de cette façon? Si ce n’est pas le cas, pourquoi le faire pour vous-mêmes?

Ne prenez pas le risque d’affecter votre confiance en vous, ne laissez pas ces excuses vous rendre hésitante dans vos choix et vos actions. Pourquoi vous autosaboter ? Avec la fin des excuses d’exister, à vous l’empouvoirement!

Le 8 mars, je ne m’excuse pas :

  • De prendre la parole
  • De poser une question
  • D’émettre une opinion
  • De ne pas avoir pu faire plus
  • De jouer un rôle que je n’ai jamais joué avant
  • D’avoir de l’ambition
  • De mon apparence
  • De mes émotions
  • D’avoir un corps et de l’écouter
  • De prendre ma place
  • D’être qui je suis

Et vous?