Liberté académique : retour important sur l’AG du 8 mars et sondage à venir
Dans le cadre de l’AG du 8 mars, nous avons accueilli Mathieu Robitaille, qui nous a fait la présentation du chemin accompli par le groupe de travail, dont le but est de rédiger un énoncé de principes visant à reconnaître et à protéger la liberté académique en contexte d’enseignement. Les recherches du groupe de travail montrent à quel point cet enjeu est important pour notre communauté. Nous séparons ce point du reste du résumé de l’AG pour attirer votre attention sur ce contenu qui nous semble essentiel ainsi que sur le sondage (annoncé à la fin de cet article) auquel nous vous demanderons de participer.
Synthèse des consultations du corps enseignant
Les consultations menées auprès du corps enseignant montrent notamment que pour notre cégep, la classe est un lieu prioritairement dédié à l’apprentissage (pédagogique). Les sujets épineux ne peuvent et ne doivent pas être évités: l’inconfort fait partie de l’apprentissage. Par ailleurs, le clientélisme nuit au plein exercice de la liberté académique et doit donc être évité.
Synthèse des consultations de la communauté étudiante
Le sondage, réalisé en collaboration avec l’Association étudiante, a permis d’obtenir 3898 réponses. Il ressort notamment du sondage qu’à des fins d’apprentissage, tous les sujets doivent pouvoir être abordés. Une majorité croit également que tous les mots doivent pouvoir être mentionnés, mais que la classe devrait être avertie avant qu’un sujet délicat soit abordé. L’autocensure ne devrait pas être pratiquée. 88 % pensent que la zone de confort et les convictions de chacun peuvent être ébranlées.
Piliers de l’énoncé de principes
Mathieu Robitaille a également exposé les piliers qui sous-tendront l’énoncé de principes :
- Reconnaître, protéger et promouvoir la liberté académique (définition de référence : définition de l’UNESCO) comme condition indispensable à la réalisation de la mission de l’enseignement supérieur en contexte collégial.
- La liberté académique doit s’exercer avec responsabilité et civilité (respect mutuel).
- La liberté académique inclut notamment le droit de recourir à des stratégies pédagogiques et didactiques (méthodes d’enseignement, textes, thèmes, etc.), de choisir des activités d’évaluation et d’organiser des activités périscolaires jugées pertinentes à l’atteinte des compétences ou contributives à l’atteinte des visées de formation. Cela doit se faire en conformité avec les politiques et les règlements institutionnels et avec les balises départementales, mais en dehors de toute contrainte idéologique et sans crainte de censure institutionnelle.
- La classe est un lieu spécifique au sein de notre maison d’enseignement supérieur. Être en classe, c’est se situer dans un lieu dédié à l’apprentissage. Cela n’est possible qu’à la condition d’adopter la bonne posture (« posture enseignante » et « posture étudiante ») et de savoir distinguer entre la personne en tant qu’individu titulaire de droits et la personne en tant qu’élève (qui est en classe en vue d’apprendre).
Préoccupations syndicales
Le mandat décerné par la Commission des études ampute la liberté académique de deux de ses contextes essentiels, qui font pourtant consensus: la liberté de recherche et la liberté d’expression dans l’espace public (médias sociaux, journaux, etc.). Ces deux contextes sont défendus par la définition de l’UNESCO et par le rapport Cloutier, entre autres. Ce que cette amputation signifie, pour la recherche, c’est que nos collègues ne sont pas assurés d’obtenir un accès libre aux données et aux statistiques pour leurs recherches ou que leurs objets d’étude ne pourront être déterminés en parfaite liberté, sans considération pour ce qui pourrait être délicat pour notre institution. Ce que cela veut dire, au regard de la liberté d’expression, c’est que nombre de professeurs de Sainte-Foy pourraient se censurer dans l’espace public, par peur que leur parole porte à conséquence et soit interprétée comme un manque de loyauté par leur employeur. On l’a vu, même notre hebdo syndical peut devenir un terrain glissant.
Puisque le groupe de travail sur la liberté académique n’a pas la liberté de traiter des contextes de recherche et de prise de parole à l’extérieur des murs du collège, et que défendre ces contextes dans le cadre de ce groupe de travail pourrait mener, aux dires de la Direction, à la suspension des travaux (et donc à la perte de l’énoncé de principes sur la liberté académique dans le contexte de la classe), le syndicat désire savoir où se positionner afin de répondre aux préoccupations de ses membres.
Soyons clairs : ce que le syndicat réclame, ce n’est pas un élargissement du mandat du groupe de travail sur la liberté académique menant à rédiger des « piliers » sur la liberté d’expression et la recherche. Ce que le syndicat désire, c’est simplement la reconnaissance formelle, dans l’énoncé de principes, de la validité de la définition de la liberté académique par l’UNESCO, comme l’expose notre convention collective. Cette mention de l’annexe VIII-10 sur la liberté académique de notre convention collective dans notre énoncé local nous est, présentement, refusée par le Collège.
L’Assemblée générale a donc adopté la proposition suivante :
Que l’Assemblée générale donne au Bureau syndical le mandat de se positionner dans le dossier de la liberté académique en fonction des résultats d’un sondage mesurant l’appui des profs au concept de liberté académique dans son intégralité (en classe, en recherche ou dans l’espace public), afin de savoir quels aspects devraient faire l’objet de mesures locales.
Sondage
Ainsi, vous recevrez aujourd’hui même un sondage, essentiel pour le syndicat, vous demandant de vous positionner sur l’importance, pour vous, de chacun des contextes de la liberté académique : en classe, dans les travaux de recherche et dans vos prises de parole à l’extérieur des murs du collège (médias sociaux, journaux, etc.).
Le sondage nous permettra à la fois de savoir quels contextes de la liberté académique vous tiennent à cœur et quels moyens vous souhaitez nous voir employer pour faire entendre nos revendications.