À qui de choisir la Direction générale?
Alors que nous sommes à la veille de connaître le nom de notre prochain·e directeur ou directrice général·e, nous prenons quelques instants pour analyser le processus de sélection de cette personne. Puisque nous ne savons rien des candidatures déposées ni de l’individu qui sera choisi, cet article vise uniquement à porter un regard critique sur une démarche qui exclut complètement le corps enseignant, les professionnel·le·s et les employé·e·s de soutien (et, de ce fait, qui perd en crédibilité et en légitimité) et non à critiquer le ou la candidat·e retenu·e.
Cette année, malgré les arguments des représentant·e·s des profs sur le Conseil d’administration du Collège, aucun membre interne n’a été élu au comité de sélection. Le problème n’est pas tant le fait que la personne s’étant présentée n’ait pas été retenue par les autres membres du CA (nous sommes bien sûr en faveur de la démocratie élective), mais plutôt que d’autres membres du Conseil aient déployé beaucoup d’énergie pour convaincre l’assemblée que ce n’était pas une bonne idée qu’un·e membre interne au Cégep participe au processus d’embauche.
On nous a affirmé que ces grandes résistances s’expliquaient par le fait qu’il serait, semble-t-il, inconfortable pour les candidat·e·s de faire face aux personnes qui seront éventuellement leurs employé·e·s – ou non.
Que sous-entend-on ici? Que les professeur·e·s, les professionnel·le·s et les employé·e·s de soutien ne sont pas capables d’agir avec discrétion? Avec discernement? Avec bienveillance? Et l’inconfort lié au fait de ne pas avoir été choisi·e n’est-il pas inhérent à tout processus de sélection auquel une personne décide de se soumettre?
Ces arguments sont d’autant plus surprenants que les enseignant·e·s ont démontré par le passé être tout à fait en mesure de participer au processus de manière constructive et respectueuse. En effet, lors de la précédente sélection à la Direction générale, l’un d’entre nous avait été élu au comité de sélection. Cet apport d’un professeur aura assurément ajouté à la légitimité de la précédente directrice générale et à la confiance que lui a témoignée le personnel du Cégep de Sainte-Foy.
On peut également arguer que, dans le privé, ça ne se fait pas que des employé·e·s choisissent leur patron. D’abord, même si cela est rare, c’est faux. Ensuite, le milieu collégial est non seulement public, mais aussi, par essence, collégial, c’est-à-dire que les choix y sont pris en groupe en vue de couvrir toutes les perspectives afin qu’il en ressorte les décisions correspondant aux besoins du plus grand nombre.
Dans ce contexte, est-il vraiment judicieux de mettre de côté le point de vue des membres internes du Collège, et d’espérer ensuite que tout se passera rondement, sans contestation des choix pris sans nous consulter et « pour notre bien »?
Nous sommes inquiètes et inquiets de la suite des choses. Si nous espérons tout de même sincèrement que cette transition se révélera fluide et que la personne qui sera le ou la prochain·e capitaine du gros bateau qu’est le Cégep de Sainte-Foy saura obtenir l’aval et le soutien du corps professoral et des autres membres du personnel, nous ne pouvons que déplorer la façon dont les événements se sont déroulés. Nous demeurons dans l’incompréhension et la frustration causées par le fait que certain·e·s membres du Conseil d’administration n’aient pas jugé nécessaire d’éviter les écueils en amont et mettent ainsi à risque l’équilibre des relations de travail au Cégep de Sainte-Foy. Nous nous croisons les doigts pour l’avenir.