Loi spéciale, grève et solidarité

Le gouvernement Ford et la grève du personnel de soutien en éducation

Le 3 novembre dernier, le gouvernement Ford adoptait une loi spéciale visant à interdire le droit de grève au personnel de soutien scolaire des écoles ontariennes et à décréter unilatéralement leurs conditions de travail.

Cette loi a été abrogée le 8 novembre par le gouvernement Ford, en échange d’un retour au travail des syndiqués qui, malgré les risques d’amendes quotidiennes importantes (4 000 $ par jour, par travailleur), avaient fait la grève afin de défendre leur droit à une convention collective négociée. La Commission des relations de travail de l’Ontario doit statuer si la grève qui a eu lieu était légitime ou illégale.

L’appui des syndicats

Le SPPCSF, la FEC et la CSQ (entre autres) ont donné leur appui au personnel du soutien scolaire des écoles ontariennes. Le droit de grève n’est pas seulement un acquis syndical, mais un droit constitutionnel, puisqu’il permet d’équilibrer les rapports de force lors des négociations collectives. Bien que cette grève ait été déclarée illégale par le gouvernement Ford, les revendications des syndiqués nous semblaient fondées. Il n’est pas légitime qu’un gouvernement interdise la grève et impose du même coup les conditions de travail. Un tel précédent nous paraissait dangereux, d’autant plus qu’il s’accompagnait d’une clause dérogatoire à la Charte canadienne des droits et libertés pour empêcher toute contestation devant les tribunaux.

La grève et le milieu de l’éducation

La grève, dans le milieu de l’éducation, est souvent contestée en raison des impacts sur le cheminement scolaire des élèves. Si le droit à l’éducation est un principe qui nous est inscrit directement au cœur, si nos actions sont guidées par la volonté de voir réussir nos élèves, nous n’avons pas à en subir le prix : cet argument ne peut pas être utilisé de manière à couper court à nos revendications. Qu’il s’agisse des employés de soutien ou des profs, de meilleures conditions de travail signifient de meilleurs services aux élèves. Empêcher les employés de soutien scolaire de l’Ontario de faire la grève, c’est les empêcher de rendre leurs professions plus attirantes, de susciter la volonté d’y faire carrière et de valoriser la mission éducative à laquelle ils participent. Quand nous-mêmes nous nous résignons à faire la grève, et ce n’est jamais de gaieté de cœur, c’est aussi en tenant compte de nos élèves que nous le faisons : pour qu’il soit plus facile de recruter les profs nécessaires au réseau; pour que chaque prof ait des conditions de travail qui lui donnent le goût de rester dans la profession; pour que chaque prof ait le temps d’offrir un encadrement de qualité à ses élèves et de leur communiquer sa passion.

L’abrogation de la loi spéciale du gouvernement est un exemple parlant de l’importance de la mobilisation et de la solidarité. C’est parce que les travailleurs ont résisté qu’ils ont pu imposer un changement de discours et une volte-face au gouvernement. Nous souhaitons au Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario des échanges équitables à leur retour à la table de négociation.