AUTONOMIE PROFESSIONNELLE
La vie départementale, entre autonomie collective et individuelle
Depuis quelques années, plusieurs d’entre nous constatons une érosion de notre autonomie professionnelle. Une tendance qui se voit renforcée ces derniers temps… Celle-ci se manifeste de différentes façons : augmentation de la reddition de compte demandée aux départements, plus grande surveillance et régulation du temps de la disponibilité offerte au Collège, davantage de tâches administratives à accomplir par les coordinations départementales, orientations et mandats externes donnés aux comités de programme, tendance vers une uniformisation des pratiques évaluatives, moins grande liberté pédagogique…
Dans les quelques exemples qui précèdent, vous l’aurez constaté, se confondent des enjeux d’autonomie professionnelle qui relèvent, d’une part, de « l’autonomie collective » et, d’autre part, de « l’autonomie individuelle ». Tentons ici de clarifier les choses.
L’autonomie individuelle
Elle réfère aux marges de manœuvre détenues par les professeur.e.s à titre individuel. Elles sont inhérentes au contexte de l’enseignement supérieur dans lequel des experts disciplinaires développent des compétences pédagogiques pour mieux partager leurs savoirs académiques. Notons cependant que l’autonomie individuelle ne peut se réaliser au détriment de l’autonomie collective.
L’autonomie individuelle se manifeste dans la conception des cours, l’organisation des contenus, les choix de perfectionnement, l’encadrement des étudiant.e.s, la production du matériel pédagogique et d’évaluation puis, finalement, dans l’organisation de sa disponibilité au fil des sessions.
Or, « [s]i les activités liées à l’enseignement proprement dit sont des actes professionnels réalisés sur une base individuelle (préparation, prestation, évaluation et encadrement), elles supposent un travail de mise en commun et de concertation, entre les membres d’une même discipline… »[1] C’est pourquoi elle doit s’exercer dans les limites convenues par le département. Celui-ci fixant, au fil du temps, des transformations du monde de l’éducation et des changements de politiques institutionnelles, des balises et orientations communes au collectif de travail qu’est le département. « Ainsi, c’est surtout à travers les activités qui visent la réalisation des apprentissages et qui concernent directement les relations avec les étudiantes et les étudiants que s’exerce l’autonomie individuelle. »[2]
L’autonomie collective
Elle s’incarne pour sa part dans le collectif de travail qu’est l’entité départementale. Le département, au premier chef l’assemblée départementale qui guide et oriente la vie départementale, constitue le lieu premier de concertation pédagogique lié aux savoirs disciplinaires. Au cœur de cette autonomie : la ou les disciplines rassemblée(s) en un même lieu de réflexion et de prise de décision ayant pour principes de base des échanges et des partages empreints de rigueur intellectuelle, d’esprit critique et de créativité et ayant comme finalité de dispenser la meilleure formation possible aux étudiantes et étudiants qui fréquentent nos cours, qui s’initient à notre (nos) discipline(s). À ce principal souci pour la qualité de l’enseignement dispensé par les professeur.e.s d’un département se greffent également différentes tâches pédagogiques, de soutien professionnel aux pairs, de même que des tâches de nature administrative.
« Le travail départemental doit être compris comme un travail en collégialité pour lequel tous les membres, incluant la coordonnatrice ou le coordonnateur ont le même statut.
L’adhésion de toutes et de tous aux orientations départementales constitue la meilleure affirmation de l’autonomie collective.
Les positions que prend le département après avoir discuté d’une question orientent ses choix pédagogiques, qui seront portés par sa représentante ou son représentant à la coordination départementale ou par un autre porte-parole désigné auprès de la direction, d’un comité de programme ou de tout autre organisme ou instance.
La vitalité des départements dans un collège joue un rôle important dans la reconnaissance et dans la valorisation de la profession enseignante. Il est permis de penser que, dans le réseau collégial, le dynamisme de la vie départementale constitue un frein aux attaques contre son autonomie. »[3]
Cette capsule est librement inspirée des documents suivants :
- CPNC, FAE, FEC, FNEEQ (mars 2008), Enseigner au collégial…Portrait de la profession : étude du comité paritaire, 72 pages.
- FNEEQ (2011), Un regard sur les départements, 206 pages.