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Allez ! Faisons honneur au seigneur de La Palice, enfonçons des portes ouvertes et donnons dans le truisme : « l’automne sera chaud ! ». Combien de fois depuis le printemps dernier avons-nous lu ou entendu qu’il serait chaud cet automne de négociations sur fond de politiques « austéritaires » (pour reprendre la formule colorée d’un citoyen interrogé sur les réalisations du gouvernement libéral) ?
L’affirmer est une chose, le fait qu’il le soit vraiment…c’est une autre affaire.
Cet été (lequel fut d’ailleurs assez frais…), pendant que nous profitions de nos vacances bien méritées, des dizaines d’équipes de négociation poursuivaient les mandats que nous leur avons confiés et rencontraient périodiquement leurs vis-à-vis patronaux pour tenter d’obtenir un accord sur certaines de nos demandes. Les échos que nous en avons jusqu’à maintenant indiquent que malgré un grand nombre de rencontres et quelques accords de principe ici et là sur des enjeux plutôt secondaires, ces rendez-vous estivaux n’auront pas permis de « débloquer les tables » sur des enjeux majeurs et préoccupants : précarité, lourdeur de la tâche, autonomie professionnelle, RREGOP et salaires, pour ne nommer que ceux-là.
D’ici quelques jours, vos représentants syndicaux participeront à deux rencontres (l’une sectorielle et l’autre intersectorielle) qui permettront d’obtenir un portrait plus précis de l’état d’avancement des négociations. Nous devrions alors être en mesure de vous livrer ce portrait à l’assemblée générale du 9 septembre prochain. À ce moment-là, nous pourrons évaluer la situation, mesurer les avancées (ou compter les reculs, c’est selon). C’est l’assemblée générale du 29 septembre qui nous permettra de décider ensemble si l’automne sera chaud ou pas. Car jusqu’à maintenant l’expression n’est autre qu’un slogan, un ultimatum, une menace, un vœu ou une prédiction, selon qui la reçoit ou la lance.
Dans notre évaluation, nous ne devrons pas omettre de prendre en considération le contexte d’austérité budgétaire qui est le nôtre et l’atteinte du sacrosaint déficit zéro. Mais nous devrons aussi nous rappeler les promesses de baisses d’impôts qui seront vraisemblablement consenties dans la foulée de ces coupes austères… Nous devrons sans doute également nous interroger sur l’importance que nous accordons aux services publics et l’état dans lequel ces coupures successives laisseront certains pans des secteurs tels ceux de la santé et de l’éducation, dont l’enseignement supérieur, pour ne nommer que ceux-là. Nous devrons nous demander si nous avons la détermination nécessaire pour empêcher que nos conditions de travail passent aussi à la moulinette de ces « réformes de structures », puisque c’est comme cela qu’au Conseil du trésor et du côté patronal de la table on nomme ces « offres » patronales qu’on nous sert depuis ce printemps. Finalement, nous devrons peut-être nous rappeler que cette ronde de négociation n’implique pas que nous, comme individu, comme département, comme collège, voire comme profs de cégep, mais qu’elle est aussi celle de près de 500 000 autres employé-e-s au Québec. Bref, que nous ne sommes pas seuls, ce qui est fort encourageant d’un certain point de vue, mais ce qui comporte aussi sa part de risques : dont celui de la division entre les précaires et les permanents, entre les proches retraités et les nouveaux, entre les centres urbains et les régions, entre les différents corps d’emploi…infirmières, profs, personnel de soutien, professionnels, fonctionnaires, etc.
En juin dernier, à l’instar des centaines d’autres syndicats locaux membres du Front commun, nous avons adopté en assemblée générale un plan d’action et de mobilisation qui couvre la session d’automne. Ce plan prévoit une gradation des moyens d’action : des plus légers (ex. porter un macaron « Prof en négo » au discours de la rentrée) aux plus lourds…correct-in, boycottage de comités, grève du zèle et grève générale.
Plus tôt, en avril, nous avions lancé un sondage pour prendre le pouls de l’état de notre mobilisation et de ce dont nous souhaitions faire nos principaux chevaux de bataille au cours de cette négo. Verdict ? De manière très claire, la lourdeur de la tâche, l’autonomie professionnelle et les conditions salariales figuraient au palmarès de nos préoccupations. À la question portant sur ce pourquoi nous estimions devoir nous mobiliser collectivement cette année, c’est quelque 75 % d’entre nous qui avons répondu « pour maintenir nos acquis et nos conditions de travail », environ la moitié d’entre nous allaient plus loin en souhaitant réaliser de nouveaux acquis et en luttant contre les politiques d’austérité. À la question « êtes-vous prêts à vous mobiliser en fonction de ce que vous avez jugé prioritaire », 73 % ont répondu par la positive. Pour un exécutif syndical dont l’un des mandats de base est de défendre les conditions de travail des employés qu’il représente, ce n’est pas absolument parfait, mais c’est tout de même très encourageant, disons-le. Et pour les 2 % qui ont quitté le bateau en route entre leurs souhaits et leur détermination, on peut faire sans, mais nous espérons vivement que vos réflexions estivales vous auront fait changer d’avis !
Souhaitons-nous donc cet automne de belles réflexions, de bonnes discussions, un sens aigu de la solidarité, la capacité de démontrer – par l’argumentation, mais aussi par la construction d’un rapport de force adéquat – que nos demandes sont justes et pertinentes. Gardons le sens de l’humour, mais prenons cette négociation au sérieux. Et faisons le pari que nous saurons demeurer à la fois professionnels, passionnés et attentifs, tout en étant déterminés et pugnaces… Parce que négocier, c’est aussi être en conflit…mais dans le bon sens du terme !
Bonne rentrée à toutes et tous !
Au plaisir de vous croiser prochainement,
Nadine Bédard-St-Pierre
Présidente du SPCSF-FEC