ÉLECTIONS QUÉBÉCOISES 2014 : Mais qui parle d’éducation ?
Alors que les principaux partis politiques ne cessent d’affirmer à gauche et à droite que l’éducation doit être une priorité nationale, force est d’admettre que rarement a-t-on vu une campagne électorale aussi muette sur un thème aussi central ! Et encore, lorsqu’il en est question, ce n’est que pour débattre de la pertinence de maintenir les commissions scolaires dans leur forme et prérogatives actuelles !
Et l’enseignement supérieur dans tout cela ? Silence radio encore plus préoccupant… Ainsi, si tous s’entendent pour dire que des réseaux collégial et universitaire de qualité et adéquatement financés sont garants d’un meilleur développement social et économique, rares sont les candidates et candidats qui osent s’avancer sur ce terrain depuis que le Sommet sur l’enseignement supérieur a mis un terme à la plus grande mobilisation étudiante de l’histoire du Québec. Craintes de ranimer le souvenir d’un climat social trop effervescent aux yeux de certains ? Peur de décevoir des attentes demeurées insatisfaites ? Sentiment que tout va pour le mieux au royaume de l’enseignement supérieur ? Et pourtant…nous le savons, il y aurait long à dire sur le sujet !
Pour les jeunes…
Depuis 2011, ce sont des compressions de près de 530 millions de dollars qu’ont subies les commissions scolaires[1]. Ces coupures n’ont bien sûr pas été sans conséquences sur les ressources enseignantes et les services directs offerts aux élèves. Mais pourtant, le Québec est aujourd’hui la seule province canadienne à subventionner les écoles privées, dont les écoles confessionnelles, et cela à hauteur de 60%. La perspective d’un débat mérite à tout le moins d’être soulevée.
Du côté des adultes…
Actuellement, environ 800 000 adultes québécois éprouvent des difficultés importantes à lire[2]. Les ressources consenties à l’alphabétisation sont-elles suffisantes ? La question mérite au minimum d’être posée !
Et l’enseignement supérieur ?
En clôture du Sommet sur l’enseignement supérieur, cinq chantiers ont été lancés. Un an plus tard, force est de constater que seul le chantier sur l’aide financière aux études a débouché sur des résultats concrets. Pour ce qui est d’une nouvelle politique de financement des universités, de l’encadrement des frais institutionnels obligatoires, de la création d’un conseil des universités et, plus près de notre propre réalité, du chantier sur l’offre de formation au collégial, les conclusions se font toujours attendre…
Sur ce dernier chantier, reconnaissons tout de même que le rapport d’étape obtenu récemment (Rapport Demers) laisse croire que des pistes intéressantes pourraient être mises de l’avant si la volonté politique est au rendez-vous : une coordination plus serrée entre collèges, une plus grande transparence dans la gestion des programmes, un meilleur encadrement des pratiques des collèges privés pour éviter la concurrence déloyale et des projets visant à maintenir la vitalité des cégeps dans toutes les régions du Québec sont au nombre de celles-ci.
Accorder de l’importance aux enjeux de l’enseignement supérieur, c’est aussi reconnaître la valeur de celles et ceux qui y consacrent leur vie professionnelle. À l’aube du renouvellement de notre contrat de travail, il est plus que temps de rappeler « les particularités et la complexité de la profession enseignante au collégiale »[3]. Le prochain gouvernement saura-t-il reconnaître les défis propres aux enseignantes et enseignants de cégep ? Les perfectionnements disciplinaires et technologiques plus nécessaires que jamais ? Les adaptations multiples du fait d’une population étudiante plus hétérogène qu’avant ? Les responsabilités relatives au développement et au suivi de l’implantation des programmes d’étude ? La multiplication des exigences de reddition de comptes dans un contexte d’accroissement des mesures d’assurance-qualité ?
Interpellons les candidates et candidats !
Parce que jusqu’à maintenant, les questions d’intégrité et d’identité nationale jettent un voile dans cette campagne électorale sur la cruciale question de l’éducation, votre exécutif syndical – à l’instar de plusieurs autres syndicats du monde de l’éducation – interpellera les candidats à la députation des différentes circonscriptions de la région de Québec sur les enjeux qui touchent de près notre vie professionnelle. Si vous avez des occasions de sensibiliser des candidats aux enjeux qui sont les nôtres, nous vous invitons à faire de même. Les documents présentés plus loin dans cette édition spéciale « Élections 2014 » vous fourniront sans aucun doute de la matière en ce sens.
Bonnes élections !
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[1] Source : Conseil général extraordinaire de la CSQ du 12 mars 2014
[2] Source : Ibid.
[3] Source : FEC-CSQ, « L’éducation contre l’austérité, la FEC-CSQ interpelle les chefs avant le débat », Communiqué de presse FEC-CSQ, 20 mars 2014.